WARNING : DUN'T STARE !!!! [END]

Ne jamais oublier les conseils quotidiens de son nutritionniste particulier. Quand on n'en a point, bah on n’a qu’à agir à l’aveuglette et puis tant pis. Le cas présent collait parfaitement à la situation, mais au moins « ils » avaient des gens spécialement choisis pour s’occuper de leur alimentation. C’est ce qui devait être écrit dans les dernières pages du contrat d’embauche, dans les annexes que personne ne lisait en générale. Même s’ils ne méritaient pas des repas dignes des plus grands restaurants, ce qu’ils mangeaient était tout à fait correct. D’un autre point de vue, ce n’était catastrophique, l’essentiel était là.

Aaron ne se plaignait jamais de la qualité de la nourriture, principalement par manque d’engagement. Le menu du moment était monté assez haut dans les estimes, sûrement une croissance au niveau du budget. Le seul élément qui faisait un peu tâche c’était ces soupes à la texture et goût encore non répertoriés dans les encyclopédies. Le truc qui est très souvent laissé de côté qui finit forcément par être injecté dans d’autres plats pour ne pas gaspiller. Autant dire que très peu de ces aliments ne furent consommés. Il n'y avait pas beaucoup de ses bols sur les tables. Tables, qui d’ailleurs avaient d’échappé à une bataille de nourriture aussi incroyable que cela puisse paraître.

Dans tout ça, Aaron avait décidé de rester un peu dans le réfectoire. Son pouvoir était bien entendu activé, ce qui empêchait les gardes de le repérer. Il se rendit compte que rester ici n’avait pas plus d’intérêt, surtout qu’il fallait disposer, selon la demande des adultes. Il soupira, avant de prendre un dernier aperçu de la salle toujours aussi silencieux. Ses yeux perçants et globuleux ne semblaient pour le coup pas aussi vide que d’habitude. C’était plutôt de la fatigue, il décida brusquement de sortir de la pièce.

Lorsqu'il fut près de la porte, il remarqua une silhouette assise à la dernière table avant la sortie. Un enfant, assurément, un enfant qui broyait du noir à la cadence d’une usine à charbon. Aaron remarqua que son regard bien qu’aussi vide que le sien rebondissait souvent sur un adulte. Ses lèvres bougeaient, il devait sans doute causer dans le vent. Vu la noirceur de son regard, ça ne devait pas être des mots doux qu'il l’envoyait à l’adulte.

« Bon »

Il comptait gentiment passer à côté, mais un détail le frappa au moment où il rentra dans son champ de vision. Sa tête… se tourna vers lui ? Il écarquilla les yeux, même s’ils les étaient déjà. Sa capacité était pourtant bien activée, alors comment pouvait-il…le voir ? Il devait en être sûr avant de courir dans tous les sens.
Il effectua plusieurs pas sur le côté, puis recula, puis s’avança, puis pencha la tête sur le côté. Sans interruption, ses yeux suivaient ses moindres mouvements, alors que le garde en face ne tournait même pas la tête. Il était drôlement surpris, il continua son petit manège pendant quelques minutes, pensant que ses yeux suivaient une araignée sur le mur. Mais, Aaron constata que c’était bel et bien lui qu’il regardait. Il déclencha un combat de regard à son adversaire. Bon sang ! Ses yeux, n’étaient pas quelconque, y avait un truc.

Après quelques temps, il sentait qu’il voulait lui parler, il s’approcha à presque 10 centimètres de lui. Aaron n’était pourtant pas du genre à s’exprimer et venir vers les autres. Il se voyait d’abord lui demander comment il pouvait le remarquer, mais quelque chose lui fit dire :

« Bah alors…T’es plutôt soupe au lait aujourd’hui, Nan ? »

Attention, cette phrase peut contenir des traces de blagues, à ne pas trop méditer. Aaron venait de faire son nouveau record de mots sortis en une phrase. Un neurone avait dû se casser la gueule, car 22.3 n’était pas du tout d’humeur à sortir son sens de l’humour incompris. Tout en gardant son air d’éternel paumé, il dévia légèrement sa tête de son regard pour voir si une autre personne le remarquait. Un seul c’était déjà de trop…

Messages : 23 Age : 27 Date d'inscription : 27/03/2015 Personnages : 10.4 ~ Emon

C'est vraiment bizarre comme la journée peut changer d'humeur si facilement. Ouais. Là, Emon, assit sur une chaise à peu près pas trop bancale, à côté de la porte en métal ouverte d'où étaient sortis les autres enfants depuis près de 20 minutes, dit qu'aujourd'hui l'adulte qui contrôlait la journée se foutait vraiment de sa tronche.

Et oui, aujourd'hui, notre cher Emon n'a eu d'autre idée que de protester contre cette personne. Mais oui, voyons ! Cette personne, là, celle-là, là-bas ! Cet adulte, au fond, qui bouge pas et qui n'ose pas venir le faire sortir. Là, 10,4 dit que si cet abruti d'adulte ne venait pas le faire sortir, un jour normal, alors qu'il y avait plus personne dans la salle à une heure normale, bah c'est que c'était forcément ce sadique d'Adulte-journée qui se plaisait à raccourcir les moment plaisant et allonger ceux qui sont nuls. Normal, quoi.

Bin oui. Ce matin, Emon a dû subir des tests physiques. Bah c'est pas comme s'il n'aimait pas ça, les test physiques. Vu qu'il peut pas souvent parler à cause de l'intensité, son cerveau finit vidé comme un hareng. 'Faut croire qu'il aime ça. Mais cette fois, les tests physiques avait provoqué un phénomène bizarre, et il s'en souvenait encore l'après-midi. C'est pour dire. En résumé, d'une seconde à l'autre, il avait eu mal à la poitrine, et il avait beau le dire, aucun son ne sortait de sa bouche. Du coup, les Habit-coupés (il les appelait comme ça dû à leur blouse détaché ; les habits refermables sur le ventre n'étaient pas connu des enfants) ont stoppé les machines et tous les bidules bruyant, et ils ont commencé à paniquer. Autour de lui, ça parlait tout le temps et très fort. Mais lui, il était énervé surtout parce qu'il avait affreusement mal à la poitrine et que, même avec les coups de paumes à répétition dans le thorax, bah ça s’arrêtait pas. Bref, c'était long. Et ça faisait mal.

Emon dût resubir cela pendant le repas. Ce n'était pas la douleur dans le torse, mais l’embêtement de l'Adulte-journée. Bah ouais, quoi, un des moments les plus drôles de la journée, c'est le repas. Et là il était passé à la vitesse de l'éclair, comme lorsqu'une mouche traverse d'un bout à l'autre une chambre. A peine s'était-il assit, qu'il n'y avait plus rien dans son assiette, et les enfants, partis. 'Faut dire qu'Emon faisaient des petites pauses irrégulières depuis l'incident du matin, et on ne pourrait pas définir si c'était des troubles de conscience ou des micro-sommeils... Mais ça commençait à s’atténuer.

Alors, à la fin de son repas -immangeable mais mangé- il décida de ne pas bouger jusqu'à ce que... Bah ça il le déciderait pendant qu'il ne bougerait pas. Bref, c'est ce qui l'amena dans cette situation, où il marmonnait d'injure le garde bien nommé Adulte-journée pour... la journée. Bien-sûr, comme d'habitude, ses petits monologues se faisaient interceptés par des moment de vide, mais ça, c'était depuis toujours. Là, Emon dit qu'il se demandait quel était le but de cet adulte-là, à part de l'énerver personnellement ; et pourquoi il choisissait pile le moment où il protestait pour se manifester.

Là, il dit que bah, de toutes façons, pour gagner, 'faut attendre comme il faisait, et que de toutes façons, ce n'était qu'un défi comme un autre. Il dit qu'il aimait bien les défis, surtout lorsque l'objet est le pouvoir de l'Adulte-journée. Rien ne disait qu'il gagnerait son pouvoir, mais il en était persuadé.

De toutes façons, il gênait personne d'autre, puisque la salle était vid-... Là, il dit de manière étonné qu'il y avait un bonhomme qui passait devant lui. Arrivé près de la porte, le garçon suspect s'arrêta net. Et tourna la tête net. Et le regarda, à 100 km derrière ses yeux... net. Là, Emon dit que Wow, c'était bizarre.

Le nouvel arrivé (ou peut-être était-il là depuis longtemps) commença à bouger. Droite, gauche. « Une sorte de danse ? » dit Emon. L'autre ne semblait pas l'écouter. Au vu de son expression neutre, on pouvait se demander si l'agité faisait le clown ou s'il essayait de combattre une entité invisible. Emon lit discrètement « Vin..gt d-..eux... tr-...ois ? ». 22.3 se remit à fixer 10.4 sans bouger. L'avait-il entendu ? Sûrement que non, car d'un coup, il s'avança très près, et sortit de son être une relique des ténèbres. Quelques mots dont la musicalité sortait de l'ordinaire. Un ton surnaturel, comme venu directement des abysses du néant...

« Bah alors…T’es plutôt soupe au lait aujourd’hui, Nan ? »

Le silence dura exactement 6,35 secondes. C'était exactement le temps qu'il fallait à Emon pour comprendre quelque chose sans réfléchir par sa bouche. Le résultat était plus incroyable encore que la blague elle-même... Puisque 10,4 éclata de rire. Bah 'faut dire que la blague était pas drôle, donc voir qu'elle a atteint son but peut se supposer être encore plus difficile à encaisser que de l'entendre.

« Beuhahah-... BEUHAHAHAH »

Emon s'étouffa. Et puis il se remis un peu.

« Énorme, quand même. Tu la sors d'où ? Tu l'as entendu par qui ? 'Faut que je lui dise qu'il a dépassé la norme ! Il a dû mettre au moins trois jour à la faire !! »

Le blond norvégien se remis dans une transe de rire. On semblait entendre quelque chose comme « c'est quoi ton nom ? » dispersé entre ses infâmes traîtres de la raison que sont ses gloussements de blague nulle. La cale de sa chaise céda et se renversa avec lui. Là, Emon était vraiment, vraiment bas. Sans mauvais jeu de mot.

A y est, Aaron avait fait son taff, ou plutôt sa gaffe, la commande était mal passée et tout s’était finit sur un for($i=error) ; . Même lui se demandait pourquoi il n’avait pas sorti la bonne réplique bien cliché que l’on croise partout. Il parcourra chaque centimètre du visage du blond d’en face sans broncher. C’était pratique d’avoir ses grands yeux, il pouvait aussi bien chercher les poux que constater le début de barbe chez la personne qu’il regardait. Bon pour son cas, il était clean, rien n’à redire, le jeune homme dans sa…jeunesse. Il se décala soudainement et éternua pour faire gagner une petite ligne de rédact’ au journaliste assigné. Il revint vers son interlocuteur avec un mouvement de tête saccadé. Le tout venait de s’exécuter en 6,34 secondes.

Le truc c’était que, 0.01 seconde après tout ça, voilà son interlocuteur qui explosait de rire. Le phénomène effraya presque Aaron qui se recula d’une dizaine de centimètre en poussant un immense « Hein …» de surprise. Venait-il de rire pour sa blague ou son attitude réfractaire ? En tout cas, l’ambiance venait de passer de cantine stricte à cabaret type « lounge-bar » avec soirée spéciale humoriste invité. Quelques temps après on entendait encore c’est « Beuhahah-... BEUHAHAH » qui s’intensifiait et tendait presque vers les ultrasons.

Aaron afficha sa bouche en « v » inversée pendant toute la symphonie, il en était terrifié, mais qui était cette personne ? Mais, il y avait aussi de la fascination dans son regard de poisson mort, il le voyait, bonne ou mauvaise chose ? Vue la situation cocasse, Aaron ne voulait pas rebondir sur ce sujet bidon, même s’il l’intriguait. Pendant qu’il continuait de se pouffer, il fit un mouvement de balayage 360° pour avoir un aperçu extérieur. L’adulte qui tenait mentalement tête à 10.4 observait maintenant un individu venant de rire à quelque chose sortie de nulle part. Ah non, un second gamin venait d’apparaître sans son champ de vision… Aaron avait stoppé net son pouvoir sans le remarquer, la réaction d’en face l’avait limite traumatisé.

Au bout d’un bon moment, l’individu se stabilisa, son humeur avait changé comme dans l’émission DéCO. Il lui adressa des paroles :

« Énorme, quand même. Tu la sors d'où ? Tu l'as entendu par qui ? 'Faut que je lui dise qu'il a dépassé la norme ! Il a dû mettre au moins trois jour à la faire !! »

Puis nouveau fou rire. Puis nouvelle phrase audible :

« c'est quoi ton nom ? »

Il y avait beaucoup trop de questions pour lui et surtout beaucoup trop de mot. Aaron dût d’abord sortir les éléments importants, puis traiter tout ceci. Il formula une réponse et son cerveau se chargea de supprimer les mots inutiles et les pronoms personnels sujets de première personne. Le tout en très peu de temps…

«…Tête...»
«…Sais pas…»
«…Aaron…»

Bon c’était sûrement de l’impro, mais voilà le genre de réponse qu’il donnait généralement. Pour appuyer ses propos et illustrer ses thèses, il leva un doigt, puis deux, puis trois, pour segmenter l’ordre des questions. Au final il ressemblait surtout à un power point humain, très mal animé et en manque dérisoire de contenu. Il gardait son air blasé comme toujours, qui n’avait même plus besoin d’être précisé, car le public était maintenant habitué.

Lorsqu’il remarqua qu’une autre identité pesante l’avait remarqué, il réactiva sa capacité. Il tourna la tête vers le garde qu’il regarda dans les yeux de manière déconcertante. Puis d’un air innocent il détourna vers la gauche comme si quelque chose d’intéressant s’y passait. L’adulte tomba dans le piège et se retourna pendant quelques longs instants. En revenant vers 22.3, il s’étonna de ne retrouver que 10.4 seul, toujours en train de rigoler. Il n’avait suffit à Aaron que quelques minutes et quelques mètres pour disparaître devant son nez ou presque. Il était maintenant situé dans le dos à droite de la chaise du blond. Ce dernier, qui dans un élan de bonne humeur, renversa la chaise et lui par la même occasion.

Aaron, debout regarda ce sublime plongeon. La performance pourtant risquée ne semblait pas avoir affectée son prestataire au niveau douleur. Ça l’amusa, même si rien sur son visage ne le montrait. C’té quand même un bon celui-là, le genre de personne qui fait penser à Aaron qu’il n’était jamais le seul. Il s’agenouilla devant lui, attendit quelques instants et enfin le pointa du doigt :

« …Nom ?... »

Il avait vraiment un ton de pion là.

Messages : 23 Age : 27 Date d'inscription : 27/03/2015 Personnages : 10.4 ~ Emon

Une chaise cassée, un adulte choqué, un 22.3 aux grands yeux perplexes et un 10.4 agonisant le souffle coupé : voilà l'étendue des dégâts qu'avait amené cette rencontre incongrue et qui a engendré cette situation sensiblement tordue.

Emon continuait de pouffer d'un rire qui semblait pathologique et interminable, ou emprunt à un cercle vicieux à laquelle on ne comprenait plus vraiment la raison du rire de l'instant. Au final, riait-il encore pour la blague ? La situation ? La tête d'incompréhension de l'Adulte-journée ? Ou bien le fait qu'il avait cassé la chaise en tombant ? Ou bien même le comment il riait ?...

Aaron répondait aux simples questions, que 10.4 avait déjà dramatiquement oublié. Il ne fit attention aux formulations de 22.3 qu'à partir de sa question, « nom ? », ayant capté son ton interrogatif. Il s'arrêta de rire un peu et se redressa du sol qui l'avait amorti (ou pas) lorsqu'il était tombé.

Lorsqu'il se retourna vers Aaron, il tomba nez à nez avec trois doigts fins tendus, deux yeux jaunes énormes et une bouche en « v » inversé. Il resta quelques secondes dans cette position, ce qui eut pour effet de le calmer. Il pris ensuite une chaise, la plus proche, pour s’asseoir sur quelque chose d'un peu plus confortable que le béton froid et dur, au sol.

Et... Il s'assit. Là, en posant sa tête sur sa paume, et son coude sur sa jambe, il demanda heu, qu'est-ce qu'Aaron avait dit, déjà. Puis ne laissant pas 22.3 répondre, il dit qu'ha oui, il s'en souvenait : son nom.

Il réfléchit six petites secondes, puis se retourna vers le globuleux : « Heu... Mon nom, c'est ça ? » Encore une des sublimes questions naïves de 10,4 qui donnent envie à n'importe qui de l'imaginer avec des yeux atteints de strabisme aigu. N'oublions pas que notre enfant n'a pas la pensée rapide de la capote du coude. Pour donner encore un coup à son charisme, il ajouta un « c'est ça ? » confirmant quelque chose d'évident, mais bon, encore une fois, on peut pas lui en vouloir.

Là, il descendit son col de tenue d'hôpital pour en montrer son numéro et, en fermant les yeux, dit qu'il s'appelait Emon. Pendant l'action, des petits craquements se faisait entendre de son habit usé. Là, s'adressant à Aaron tel un marchand au noir, il dit que le gars là-bas, dans le coin, qui nous observe et qui pige rien, c'était un punisseur d'Adulte contrôlant la vitesse du jour et que, du coup, bin c'était l'adulte-journée.

10.4 continua à lui chuchoter toutes sortes d'informations sur les adultes, des bobards et des commérages, de tous genres et de toutes natures, qu'il se plaisait à raconter à tout le monde. M'enfin, ce qui était surtout sûr, c'était que toutes ces informations... étaient inventée. Il finit son monologue par un « hihihi » sur un regard malicieux et innocent. Les yeux plissés, il cachait un peu sa bouche comme si ce qu'il venait de dire étaient des scoops de dernières minutes, se voyant en tant que bon informateur au service d'un super méchant.

Bref, un silence survint, et une mouche finit difficilement d'extirper une miette du dessous d'une assiette vide.

La situation était très similaire au mythe des voyages dans le temps des programmes télé’s. Genre si jamais le héros rencontrait son lui-même du futur/passé, cela pourrait courir à un traumatisme et une déstructuration du monde. Si l’on considérait la chaise comme la vie, l’univers et tout le reste, la prophétie c’était réalisée. Un paradoxe vertigineux digne d’une pièce de Beckett venait de faire un croche-patte à l’espace-temps.

10.4 N’avait pas décéléré son rythme de air expiré sur fond de son en mi- majeur. Cela devenait aux yeux d’Aaron une véritable activité sportive pour lui. Même s’il voyait mal ce gamin faire un marathon, ce n’était ni une mémé asthmatique, ni un fonctionnaire rusheur. Il resta immobile en statue humaine avec ses doigts relevés comme pour symboliser le signe « je viens en paix ». Entre eux, ils étaient tous un peu des martiens, même être normal s’avérait être une spécificité en soi. Aaron le regarda longuement reprendre un verre d’O2 en plan fixe. Pendant ce temps ses réponses pertinentes lui était passé à côté des oreilles. Par chance, sa question fit mouche car il stoppa ses rires et se mit à le regarder en retour. Maintenant un peu plus calme, la posture d’Aaron semblait le déstabiliser un peu. Tandis qu’il élaborait la suite de ses actions, Aaron referma sa main lentement en soupirant comme si l’avoir fait avait été un effort. D’un coup, son bras inerte anciennement levé, partit en saut à l’élastique. Il se balança pendant quelques secondes pendant qu’Emon recréa l’univers.

10.4 resta assis sur sa nouvelle chaise en position de réflexion. En un instant, il se posa une question inaudible à lui-même puis y répondit avec un élan d’enthousiasme. Il resta ensuite fixe, à chercher sa réponse. Mais ce qu’il dit n’était pas encore clairement cela :

« Heu... Mon nom, c'est ça ? »

Aaron pencha la tête sur le côté sans rien dire, son expression n’avait pas changée. Il ne pouvait pas rebondir sans avoir eut sa réponse…

« C’est ça ? »

Aaron pencha encore plus sa tête, ses yeux gagnèrent en intensité et sa bouche s’ouvrait légèrement. La révélation allait tomber. Pendant ce laps de temps, il retint son souffle…

Après s’être assuré de ne pas être à côté de la plaque, Emon dit qu’il s’appelait…Emon. Il montra son numéro pour apporter plus d’informations. Aaron n’eut pas le temps de se concentrer sur les chiffres gravés, sa tête était penchée du mauvais côté. Ce qu’il put saisir, c’était ces bruits de craquement de tissus soit inerte soit humain. Mais dans tous les cas, c’était assez dérangeant. Après cela, Emon poursuivit sur un discours à propos de tout et de rien. La boite à musique déballait tellement de bêtises, qu’elle perdait de la crédibilité au fur et à mesure. Mais Aaron gobait tout, en faisant des signes de tête vers le bas à chacune de ses phrases. Il absorbait une quantité astronomique de ragots, qu’il croyait sur le champ tellement c’était joliment tourné. Son état d’esprit était dans une fascination immense, comme pour la plus grande des découvertes. Emon les bons tuyaux, envoyait son discours quasi-naturellement. Il restait relativement bas car certains concernait l’adulte d’en face, qui commençait à s’impatienter après le coup de la chaise.

Dès qu’il entendit son nom, Aaron fit un geste amical de la main, pour saluer le garde. Dommage pour lui, il regardait ses ongles. Il revient vers Emon qui maintenant lâcha un petit rire. Aaron recula la tête d’effroi en pensant qu’il allait repartir en crise de rire. Mais cela se maintenait à un rire d’enfant plein de secrets des autres qu’il était heureux de raconter. Aaron tendit son autre bras encore en plein forme en pouce levé. Il prit un ton décidé avec des étoiles dans ses yeux plus grosses que ses globes oculaires :

« Merci ! »

Il s’imaginait déjà comment il pourrait réutiliser à bon escient ses précieuses et ridicules informations. Il laissa de nouveau tomber son bras et partagea un nouveau silence avec Emon.